Du brio à Rio

Une nouvelle olympiade se termine. Quatre ans passés depuis Londres ; quatre années d'aventures folles et émouvantes qui ont marqué à leur manière le SN Bergerac et chacun d'entre nous. Mais, rêveurs, nous pensions tous à ce moment magique, ces derniers hectomètres, ces ultimes forces jetées dans une si noble bataille qu'est l'or olympique. Quel drôle de sentiment que d'être heureux et tristes à la fois. Tellement heureux de voir la coque française du deux de couple poids légers franchir victorieusement la ligne d'arrivée brésilienne et si triste de ne pas voir à cette occasion l'aboutissement de la paire Azou-Delayre. Le sport génère de grandes émotions, c'est prouvé !

De l'Uby au Lagoa Rodrigo de Freitas... une histoire de "LXMen".

En aviron, comme dans bien d'autres disciplines, rien n'est écrit à l'avance, mais rien ne s'improvise pour autant au dernier moment. Et si tout était envisageable au début de l'hiver, tous savaient que la sélection, puisque sélection il devait y avoir, serait âpre entre les principaux intéressés. Et aucun des trois prétendants n'ont facilité les choses aux instances fédérales. Après le podium gersois qui conservait sa hiérarchie individuelle, c'est à Lucerne, pour la seconde manche de coupe du monde, que la coque championne du monde en titre devait se configurer. Pendant que Jérémie Azou et Pierre Houin confirmaient leur capacité à maintenir le niveau acquis depuis 4 ans, Stany s'offrait un grand résultat en skiff. Décision fut prise ; le nouvel équipage confirmé. Nous savons aujourd'hui que ce ne fut pas une erreur car tant à Poznan qu'à Rio : victoires française !

Les strictes lois du sport et de la sélection individuelle furent respectées et ont fonctionné. Tant mieux. Car qu'aurait-on pensé et dit face à un autre résultat ? Mais il en faut certainement un peu plus pour obtenir CE résultat. Et c'est certainement au travers du "groupe" que tout a été possible. Et il ne faut pas omettre cet aspect dans les fabuleuses performances de cette coque. Les noms qui s'affichent au départ sont certes ceux des deux rameurs qui obtiendront le résultat mais bien des choses prouvent que c'est un peu plus, en particulier au terme de cette finale olympique, qui convoque le passage sur la dernière marche. La présence de Stany, remplaçant d'élite pour ces JO, au plus prêt des titulaires et d'Aléxis Besançon leur coach ; les dédicaces des commentateurs en live comme les premiers mots de Jérémie après la course résonnent encore...

Alors... comment dire ? Avant tout féliciter et remercier des grands champions pour ce parcours sportif exceptionnel mais aussi admirer cette aventure humaine qui, de près ou de loin, ne peut laisser indifférent. Bravo à Jérémie, à Pierre, à Alexis pour ce titre si précieux ; tout le monde a tenu son rang ! Et grand bravo à Stany car un petit doigt me dit que peu auraient eu cette attitude ; parce que des choses supérieures animent les très grands champions. Chapeau Monsieur Delayre, chapeau bas champion !

Pour une fois, j'évoquerai un sentiment personnel. Mais seule l'évocation de sensations anciennes peut correspondre à la meilleure traduction. C'est comme un souvenir d'enfance :... vous aviez un jouet fétiche, préféré, un peu cabossé sur les bords mais avec qui vous aviez construit tant d'aventures, de souvenirs, que de s'en séparer n'était plus une option. Puis un jour, lors d'une banale réunion de famille, un grand-oncle éloigné marchait malencontreusement sur ce dernier. Conscient du traumatisme, il allait immédiatement acheter l'identique, tout beau, tout neuf et tentait de vous persuader que tout était finalement pour le mieux. Il avait peut-être raison dans les faits mais, inconsciemment, c'est la continuité de l'histoire qu'il avait rompu.

Si un jour l'histoire de Stany et Jérémie fait que nous aurons la chance et le plaisir de les voir de nouveau ramer ensemble dans ce bateau... c'est que l'ascenseur à émotions n'avait pas encore complètement fini sa course !

Que sera demain ?... comme toujours en aviron : retour aux sources, aux fondamentaux. Le club, les bateaux longs,.... parce que ces gens bien savent d'où ils viennent. Pour le reste... pas d'inquiétude, l'aviron génère toujours ce qu'il faut, en particulier à Bergerac et ce depuis 156 ans !

Alors ne ratez pas les bergeracois engagés aux championnats du monde seniors et U23 qui débutent aujourd'hui à Rotterdam (cf. World Rowing). Guillaume Ampe (BM4+), Quentin Stender (BM8+) et Valentin Geneste (BLM4x) ont, eux aussi, un beau flambeau entre les mains.

Et pour que cela perdure, il est indispensable que s'enclenche le précieux principe de transmission, directe ou indirecte. Bien au-delà des personnes, c'est l'esprit, l'état d'esprit qui fait que ces histoires, ces rêves se concrétisent. Le www.snbergerac.org n'échappe pas à la règle. Alors, c'est aujourd'hui un jour de clap de fin, juste pour saluer et remercier le public, laisser le rideau venir recréer la pénombre, propice au travail et aux belles choses...

Avant de, tel "le" Phénix,... renaître !